lundi 12 décembre 2016

record20161205174747

Retrouver un vieux texte, un projet avorté-pas terminé. Le relire, le redire, ne pas le corriger, l'enregistrer, bafouiller et ricocher sur des mots, des virgules, des silences mais le laisser tel quel, impulsion de l'écrit, impulsion de l'oral. C'est comme ça et voilà. Au final, ma voix pour presque 10 mn.
Vous êtes prévenus.


Record20161205174747




mardi 29 novembre 2016

Cartepoème de remerciements



2016 - Lumière de mi-novembre
Corps élancés sur la plage, en contre-jour.
Dans la fraîcheur de cette fin d'après-midi d'automne nous avons marché
Queue leu leu improvisée
Le long de la côte pastel

Au bout du chemin
Presqu'île et banc-radeau
De branche oublié là par une vague ou un géant.

17h et la nuit doucement tombe sur les silhouettes frêles de nos 30 ans.

C'est un anniversaire, c'est un chant choral de rires,
De murmures, de confidences.
Le soir avance vers nous à petit pas, tout comme la lune,
et nous ne pouvons qu' humblement nous incliner.

Remonter le sentier, enrobés de l'odeur du maquis,
Les chaussures blanches de sable blanc, les orteils
Bleus.
Le silence s'impose souvent sur la route, face à cette beauté-là, que dire?

Quelques ombres sur la plage de l'Escalet,
Presqu'île en point d'orgue d'un weekend de retrouvailles,
Les repas à 14 qui durent, les petits plats et les grands verres de vin,
la tropézienne sans fin;

Tout autour, en cocon,
Paysages du sud, de ce sud
Palmiers et rochers,
Rousses collines et verts pins parasols,
Routes sinueuses entre les vignes rosées.

30 ans, sommes nous définitivement passés du côté du verbe vieillir, alors que jusque là nous grandissions encore? ( dans nos corps certes plus, mais dans nos cœur, sans doute aucun). Il y avait là , en tous cas, quelque chose d'incertain mais de chaud, de contagieux, que nos mémoires désormais transformeront en moment à chérir. Il n'y en a jamais trop.








dimanche 23 octobre 2016

L'été - fin.


Il y a un temps après l'été. Un moment où le corps se prépare à déposer les armes, comme suivant les arbres et la course du soleil qui a décidé de passer moins souvent par ici. On a essayé de le tromper pendant plus d'un an, à coup de chaleur tropicale, de paysages toujours verts et de fruits exotiques, mais au fond la chute lente et longue s'opérait tout de même. Et de se sentir encore plus coupable de cette tristesse là émergeant dans l'été qui ne finit pas.

Comment font ces corps à qui l'ont impose une saison continue? Je me posais tant de fois la question alors que le mien évoluait tant bien que mal dans la moiteur quotidienne, incessante. C'est aussi cet été là que j'ai quitté, réalisant sur le tard que l'été s'il n'est pas coupé par l'automne, éparpillé par l'hiver, ébauché par le printemps, n'existe tout simplement pas. L'été en continu n'existe pas. C'est autre chose qui s'y joue 365 jours par an. Une autre saison, d'autres mots dont la langue française n'a pas connaissance et dont le corps français non plus. Il faut oublier ses repères pour s'en forger de nouveau, accepter de ne plus suivre de boussole pour se perdre et retrouver un chemin. Une des choses difficiles à accepter dans le départ; oublier des réflexes si intimes qu'ils respirent avec chaque pulsation du cœur.

Je retrouve l'Europe, je retrouve les saisons. Le ciel de Marseille se noircit, à loisirs de nuages de pluie ou de nuit dans laquelle il faut se lever pour partir travailler, comme tous ces autres. Le temps, s'il est toujours trop court, laisse avec lui de petits souffles de rien dans lesquels je perçois ici l'arrivée de l'automne, là celle de l'hiver déjà à nos portes. Il serait trop simple désormais de rêver au printemps, trop facile de se laisser porter par la promesse d'un "tout y ira mieux". Dans le froid mordant du matin, à vélo tant bien  que mal enrobée de Mistral, dans la décrue du jour qui n'inonde plus le salon comme avant mais court se cacher derrière les immeubles parce qu'il n'a déjà plus le temps, dans les pommes à foisons sur les étals en parfum de cuisine pour se remémorer les bonnes choses, celle qui réconfortent le ventre, dans la monotonie de la ville, qui sans son soleil et ses vagues dorées perd un peu de son mordant, de son sens, dans chaque geste et avec chaque respiration j'essaye de retenir le défilé des saisons, car aussi vite qu'il passe passe le temps qui l'accompagne. Les secondes n'ont jamais été aussi brèves et je m'endors enroulée dans des rêves aux contours indécis.

en bande son

à Sète, Max Ernst et ses fleurs-coquillages




mardi 2 août 2016

les champs des possibles

Parler italien pendant près de 3h, 10 mois plus tard je ne sais plus trop dans quel sens se forment les mots entre ma bouche et mon cerveau, Ci sono cose che ti mancherano in Cambodgia? oui la question je me la pose depuis depuis un moment,  oui la réponse est oui et très honnêtement je suis plutôt adepte de la  mélancolie alors c'est sûr que oui,  des textes sur le cambodge il y en aura, des mots pour sussurer  le manque, essayer d'esquisser ce que ces rues, ces bruits, des odeurs ont pu créer en moi et c'est comme ça que je le vois. On vous dira c'est une expérience, je rétorquerais bien non ce sont des traces, en moi indélébiles, si je devais faire ce tatouage après tout il serait bien plus compliqué que ce que je pensais. Il y a désormais tant de chemins à retracer.
Le champ des possibles. Toutes ces routes non suivies parce qu'à un moment on a dit non au lieu de oui. Était-ce la meilleure solution? Aujourd'hui dans l'escalier mon coeur a battu plus vite parce que 'IL était là prêt à être  croisé, son corps à frôler, l'espace de peu et en fait il a fait demi tour et mon coeur a stoppé net.  c'est bête, ai je pensé. Nous tenterons demain, à nouveau, moi tout du moins.

Je regarde rétrospectivement les pas qui m'ont menée jusque là. Je crois toujours en l'indéfectible signification du rien, du peu, du quotidien. Il y a bien une raison. Je cherche, je creuse, je sonde chaque parois de mon coeur, de mon cerveau, de mon ventre. J'essaye de savoir qui a raison. J'essaye de ne pas écouter celui qui me dit reste ni celui qui  dit part car aucun des deux ne sait le pouvoir de l'autre .je cherche la 3e voie. elle se fait attendre.

Dans mes nuits il y a des rêves, des rires et des chansons. Je songe souvent que ce serait bien mieux si je les chantais.
Phnom Penh voici la fin, la chute et je ne suis pas sûre que ce soit le bon chemin, mais quelqu'un l'a illuminé pour moi et j'ai tendance à faire confiance aux autres plutôt qu'à moi même. Un jour sans doute je m'en mordrais les doigts.

Parler italien pendant près de 3h me rappeler  que mes rêves étaient faits de cette langue et de cette mythologie, me rappeler qu'en rentrant je cherche aussi à m'y réfugier, que tout n'est pas perdu, que ma route ne s'arrêtera pas sur les pavés de Marseille..



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vendredi 8 juillet 2016

extraits nippons



-Sous les arcades de Kyoto j'avance d'un pas mesuré et les haut parleurs se chargent de jouer la B.O de ce film à double vitesse. Celle extérieure et celle de mon cerveau.

-Retour au Japon accueillie par des mots et des mains réconfortants, des mains qui se posent sur mes épaules "toi tu as le dos de quelqu'un qui n'a pas parlé" et c'est vrai, cela résonne en moi comme une évidence déjà avouée.

Je repense à cette autre phrase, lue cette fois, et qui ne parle pas de moi ou si peut être, et là aussi c'est exactement ça, mes organes résonnent trop fort aux sons des voix, des pensées, des non dits mais je ne cherche plus la fuite.

-Il y a ce corps dont on cache ou dévoile à loisir les aspérités et les secrets. Je suis ce corps, ces muscles tendus et cette peau sèche, je suis ce corps, je suis ce corps, comme un mantra.

-J'ai du temps à perdre et je n'aurais pas de regrets car en n'attendant rien on ne se déçoit pas.
Je ne peux pas épuiser la multitude, je ne peux pas décrire en une liste ce sentiment particulier d'être envahie sous une multitude de bruits, de choses, de sens et en même temps sentir grandir à l'intérieur de soi une paix bien appréciable.

-Faire des kilomètres autour de la terre, lorsqu'on ne sait plus pourquoi, on tente de trouver des signes.
Au musée d'art moderne, c'est Max Ernst qui m'attendait.
Découvrir une ville en en suivant le lit, celui de la rivière qui rythme au hasard les vies citadines. On est plutôt bien ici , c'est ce qu'on m'a dit hier et je veux bien le croire, cela se sent, cela s'infiltre en vous malgré les vêtements, malgré la carapace à émotions.
Si je devais fêter cet anniversaire, c'est sur ma peau que je graverais Athéna en symbole, gratter l'écorce jusqu'à sa sève et laisser transparaître au soleil les traces de la douleur, celle qui peu à peu s'amenuise mais comme tout coup trop dur laissera toujours sa marque. S'il le fallait j'afficherais publiquement l'enfant aux yeux de charbon, un oiseau noir au centre du coeur.

Entre devoir et vouloir la vie tranche parfois pour vous et si on lui fait un peu confiance elle suit la rivière dans le bon sens.
Il est 20h35 et il pleut doucement sur Kyoto, l'équilibre.





J'ai la beauté facile et c'est heureux.
Je glisse sur le toit des vents
Je glisse sur le toit des mers
Je suis devenue sentimentale
Je ne connais plus le conducteur
Je ne bouge plus soie sur les glaces
Je suis malade fleurs et cailloux
J'aime le plus chinois aux nues
J'aime la plus nue aux écarts d'oiseau
Je suis vieille mais ici je suis belle
Et l'ombre qui descend des fenêtres profondes
Epargne chaque soir le coeur noir de mes yeux
Paul Eluard, La parole

vendredi 17 juin 2016

les mots des autres




Relire un auteur qu'on aime beaucoup, au hasard des pages internet et tomber sur ce passage, qui ne dit rien de plus que le vrai.
Les mots des autres pour panser des blessures, au fond c'est ce qui réchauffe, même sous 40 degrés, même lorsqu'on a  oublié le froid. Les mots des autres quand les miens ne viennent pas. Reste à savoir où les crier.





Brunella – Tu as mal au ventre, Gaby ?
Gaby – Je n’ai pas mal au ventre, pourquoi tu dis que j’ai mal au ventre ? Pourquoi tu crois toujours que j’ai mal au ventre ?

Brunella – Parce que tu as souvent mal au ventre.

Gaby – Je n’ai jamais mal au ventre.

Brunella – Tu as mal au ventre, parce que tu ranges des phrases à l’intérieur de toi, plutôt que déranger les autres avec.



Fabrice Melquiot M'man

dimanche 5 juin 2016

à partir de cette photo

Je respire , c'est le premier mot qui lui vient. ce n'est pas vraiment un mot d'ailleurs, c'est une sensation mise en paroles. Le bonheur a peu à peu pris la place sur la photo et on oublie les traces de luttes qui persistent sur le sable. Des générations ont essayé avant nous, et bien d'autres s'y mettront après, prétendre en attendant de ressentir. Des corps se pressent en arrière plan. Les rires sont discrets, les regards un peu fuyant, nous tentons de laisser derrière nous nos meilleurs profils. Ton coeur en contrepoids du mien a une chaleur différente et même maintenant en regardant simplement le cliché  je crois que je le sens encore. Mon sang le sait, mon ventre s'en souvient. Ma viande, disais-tu  La femme au premier rang a arrêter de regarder l'objectif depuis longtemps. La dignité se cache dans ce genre de détails.
Les autres ont voulu écrire un mot sur le sable et il n'a pas été difficile à choisir. LIBERTÉ, écrit en gros. Des millénaires s'écouleront sans doute sur cette plage alternant les protagonistes et le texte écrit à même le sol. L'enjeu en sera toujours le même. Manger une dernière fois la lueur du soleil avec nos yeux, nos mains, nos ventres, s'en nourrir comme de pain. Attendre le dernier clic et puis se séparer, moi, les autres, la fille qui respire mieux maintenant et la femme du premier rang, et toi et ton coeur battant dans la pénombre qui arrive et peu à peu se répand, sur nous et sur le monde.

vendredi 27 mai 2016

art thérapie

Je me souviens de la pluie sur la table et dessous, de l’odeur du bougainvillier, de la glycine. Des photos de vacances en vrac à ne plus savoir quoi qui quand.
Je me souviens des premiers spectacles, ceux intimistes sur l’herbe du jardin et les vrais là dans cette cour/garage/cinéma et les feux des projecteurs braqués sur d’autres que moi mais je sens bien que c’est mon cœur qu’on illumine.
Je me souviens de ma respiration à l’approche du lever de rideau symbolique, qui s’intensifie, qui prend plus de place, dans le noir on ne doit entendre qu’elle pensais-je.
Ce n’est pas moi qui remet tout en jeu et en question ce soir mais c’est moi quand même.

Je me souviens déjà du visage de mes étudiants, de leur concentration, écrire le bon mot à la juste place et choisir celui qui correspond le mieux à l’émotion tapie tout au fond. Je ne me souviens pas encore, mais bientôt, de leurs textes affichés au mur et de leur portrait en contrepoids. On ne sait pas qui a écrit quoi. On ne sait pas mais on joue à deviner et c’est beau comme ça, c’est juste comme ça .
Etre juste, voilà ce qu’aux cours de théâtre on nous répétait.

Il n’est toujours et uniquement question, il me semble, que de défendre le beau face à  l’utile. Au milieu de ces objectifs de communication, de praticité, voir surgir l’esthétique pure et simple, l’émotionnel qui ne demande rien à personne si ce n’est à soi et en saisir tous les bénéfices. Il n’y a pas de compte à rendre. Il n’y a plus d’explication à donner. « Mais à quoi ça sert ? quel est l’objectif ? » je n’en ai rien à faire et je ne m’en défendrai pas. Mais cela ne sert à rien mesdames messieurs cela ne sert à rien comme ne servent à rien la lumière du soleil le matin sur la terrasse et l’ombre de la lune dans le jardin, les mots de Neruda dans un vieux livre et les mains qui se promènent sur un piano, la douceur de la Méditerranée en septembre et le goût du pain. A rien. Je ne veux plus que de l’inutile, de l’incompétent et du sans rendement. Je ne veux plus de résultats comptables ni de statistiques. Qu’on ne me demande plus de prouver quoi que ce soit.
Dans les « je me souviens » de mes apprenants il y a avait les temples, la terreur, la vie, le bonheur et la viande. Dans leurs petites  phrases éparses, si difficilement formulées, remplies de fautes et de maladresse, il y avait l’enfance. Il y avait la beauté. Ils ne m’ont pas demandé à quoi ça sert.

dimanche 1 mai 2016

partir du corps

Sur mon carnet un peu plus tôt, en pensant à cet espace là à remplir, j'ai écrit le mot corps et sous la pointe de mon stylo il ressemblait plutôt à coups.
 
J'écris "corps" et on lit "coups" et c'est un peu ça , cette lutte permanente entre le dehors et le dedans, entre ce que l'on montre et ce que l'on est, mais comme le dit si justement Nancy Huston, nous sommes aussi ça, aussi ce corps alors pourquoi tant le nier?
Etrange comme on y porte beaucoup d'attention, on le maquille, on le pare, on le modifie au grès du temps, des modes, de l'âge tout en passant les 3/4 du temps à affirmer que ce dehors là, ce n'est pas vraiment moi.
 
"la seule chose fiable, c'est le corps" ou quelque chose comme ça, prononcé par Vimala Pons un jour de radio, prononcé par une circassienne, elle s'y connaît. Hier en assistant à un spectacle de cirque -le premier spectacle en 7 mois, cela m'avait tellement manqué- j'ai repensé à cette phrase et à sa force contenue en de si petits mots. Le corps.
 
Où en suis je aujourd'hui avec le mien? Quelles en sont les limites, les forces , les points de confiance, les points de confidence? J'ai toujours aimé ce faux ami de l'anglais -confiance/confidence- ce lien entre deux choses qu'en français on donne à quelqu'un d'autre. Et à soi? Donner sa confiance à quelqu'un . Prendre confiance en soi. Si l'on prend, est-ce parce que quelqu'un nous le tend? Ou au contraire est-ce une chose posée là au hasard dont on peut se saisir à tout instant mais alors tout le monde pourrait aussi la prendre à notre place?
Peut-être que si l'on n'a pas confiance en soi, c'est simplement parce que quelqu'un d'autre et passé par là et l'a prise avant nous. Devrions nous partir à la recherche de ces personnes détentrices de nos confiances en nous?
 
 
Aujourd'hui avant ces mots et après il y a eu la vue sur riverside depuis ce café si peu cambodgien, les enfants des rues tous nus sur la rive, le ballet des tuktuk et des scooters, il y a eu des phrases en khmer prononcées avec hésitation et la confirmation dans le sourire de mon interlocuteur "why do you learn khmer? " comme si ça n'allait pas de soi, ici, d'apprendre le khmer. Il y a eu la pluie, forte et inattendue, les discussions sur la résilience des cambodgiens après les khmer rouges, les enfants qui jouent à la balle juste en bas, juste à côté, dans ma rue. Il y a eu cette heure sur le canapé gris dans ce décor blanc à attendre quelqu'un avec angoisse et envie, cette heure occupée à aligner les mots sur mon carnet. De la quiétude dans Phnom Penh, cela faisait longtemps, cela faisait du bien.
 
 
 
 
 
 

lundi 25 avril 2016

avril sucré salé

Avril n'a jamais été aussi court et aussi rempli, aussi chaud et froid, aussi douche écossaise.
Avril avec un double  V, la découverte d'un et le départ d'un autre, les merveilles du premier et les marques lourdes du second.
Avril rires et avril larmes, entre poissons et  pierres, entre passion soudaine et nouveau vide à appréhender.

Avril retrouvailles et farandoles, remettre les pieds dans le même cours d'eau, se lever porter par la vague, se laisser glisser sur les plages de galets.
Avril comme la porte d'entrée - de sortie- d'un monde encore inexploré et dont les lumières se laissent apercevoir chaque journée un peu plus franches.

Avril jusqu'ici je ne t'avais jamais vraiment aimé, oscillant entre l'hiver et l'été sans vraiment choisir, tu me semblais  fade et peu digne d'intérêt. On peut toujours se laisser surprendre. On peut toujours  changer d'avis.







dimanche 27 mars 2016

avec les mots de quelqu'un d'autre

il était un peu différent des autres, en ce sens où les mots dans sa bouche semblaient toujours prendre une direction inattendue de ses interlocuteurs et de lui même. Sa gentillesse et sa douceur transparaissaient  malgré tout dans ce mélange un peu obscur, un peu fou aussi, où la raison se perdait et les sens se mettaient aux aguets.

ils s'étaient rencontrés par une de ces nuits tranquilles où l'on parcourt les rues une à une, en marchant lentement parce que plus rien ne presse, la nuit est déjà bien pleine, le matin encore loin et enivré encore de la soirée passée on ne cherche dans cette déambulation qu'à prolonger un calme bientôt évanoui.

Il y avait ce croisement près du ruisseau où un marchand ambulant s'était installé et où tous deux s'étaient arrêté, parmi quelques rares autres oiseaux de nuit, pour prendre un jus de canne à sucre avant de repartir. Gobelet à la main, elle et lui s'étaient retrouvés sur le bord de la même route et les regards échangés à ce moment là disaient déjà bien plus que tous les mots prononcés plus tard, que ceux prononcés par elle, en tous cas. Sourire et pailles aux lèvres ils errèrent donc encore un moment avant d'échanger leurs numéros et de promettre de se revoir, bientôt.

La suite a des accents banals, comme souvent lorsque deux êtres se retrouvent et que le temps semble se dire ah voilà mais qu'ai-je fait jusque là?.

Une nuit, une autre de ces tranquilles nuits à flâner dans les rues de la ville, occupation qui était devenue leur favorite, il lui avait dit cette phrase, trace si fugace et tangible de sa déclaration, de ce soleil dans leur ventre à tous les deux qui ne faiblissait pas : Quand je te vois, mes mains et mes plantes s'effroidissent.

et elle avait su que rien  désormais ne serait plus beau que ces mots là.

dimanche 20 mars 2016

de la lumière

. Dans ce nouvel appartement il y a une horloge fixée au mur et le décompte du temps qui vient et va n'en est que plus facile. 6 mois . 6 à venir, 6 déjà partis et dans la lumière de ces rues nouvelles à parcourir, déjà les murmures d'un "nous allons te manquer, tu verras" .

La lumière, celle que l'on peut voir depuis le balcon du ciel qui se couche bien plus tôt que nous et se lève de même.


 

samedi 5 mars 2016

Ici et là


Tout le monde part en voyage
au bout du monde
Moi seule garde allumée
la lumière du phare

Tout le monde rêve
de paradis perdus
Moi seule arrose les plantes
qui les bordent


Jour 1 on s'ouvre à de nouveaux lointains. Quelque part entre nous et les nuages il y a de l'espace grand comme un coeur qui palpite et qui aspire à lui tous les imprévus.
Jour 2 il suffit de mettre un peu de rouge à lèvres et c'est parti, remonter sur le manège avant qu'il n'y ait plus de place.
Jour 3 tout est fermé parce que c'est le nouvel an chinois ah tu ne savais pas?

Il disait qu'il est devenu écrivain parce que se tenir dans le monde et dire "je" était précisemment impossible. Isabelle Monnin

C'est peut-être cela la pudeur, un petit espace qui éloigne et rapproche. Tahar Ben Jelloun

dimanche 14 février 2016

Phnom Penh style

Phnom Penh chaud
Phnom Penh froid
Phnom Penh bruit et cris
Phnom Penh à vélo qui transporte mille ballons
Phnom Penh nounours et roses St Valentin
Phnom Penh moto à 3, à 4, à 5
Phnom Penh mariage dans la rue devant chez moi
Phnom Penh monsieur qui danse tout seul sur le bord de la route
Phnom Penh  english theater
Phnom Penh sourires et curieuses questions
Phnom Penh rats tout plats
Phnom Penh fight club pour chats
Phnom Penh français jusque dans la piscine
Phnom Penh uniformes bleus de l'université
Phnom Penh bai cha
Phnom Penh tuktuk
Phnom Penh vénéré Hun Sen
Phnom Penh ananas sohm manoa muy
Phnom Penh riverside qui brille
Phnom Penh centre commercial et palais royal
Phnom Penh tatouages
Phnom Penh 60's music
Phnom Penh qui n'en finit pas pas
Phnom Penh rouge
Phnom Penh  gecko
Phnom Penh oui mais  non
Phnom Penh salsifi
Phnom Penh ça suffit parfois
Phnom Penh vient dîner ce soir
Phnom Penh ne veut pas aller au dodo
Phnom Penh plouf dans la rivière!
Phnom Penh ce n'est vraiment pas grave
Phnom Penh ah bon
Phnom Penh et si
Phnom Penh oulala
Phnom Penh merci aurevoir
Phnom Penh Phnom Penh Phnom Penh

Phnom Penh est-elle dada?



samedi 16 janvier 2016

Le merveilleux de la mer

J'avais oublié le merveilleux de la mer, voici comment ce récit doit commencer voilà aussi comment il doit finir; sur cette phrase et cette impression là la porte du voyage sera close. Le reste, avant-après, sera de l'ordre de l'indicible. Tout n'est pas bon à raconter. 

Voici Kep donc, la belle, la petite, la tendre.
Kep où m'attendaient les délices du surgissement des souvenirs de l'enfance. 
On a beau en faire du chemin, à la fin les joies qui restent sont toujours celles des débuts.
Ainsi donc Kep et ses collines flamboyantes de vert tombant sur la mer bleue , tout comme je les aime, comme à Sylvabelle, comme au Racou, comme sur les cailloux de Corse. Comme quand j'étais enfant.

Mais cela je ne l'ai pas perçu tout de suite, j'ai d'abord vu les tuktuk et le bois et les plantes et les "até awkun", les fruits et le fond de la piscine, la langueur particulière du Cambodge; et puis au détour d'une route, alors que je ne m'y attendais pas, elle a surgit.
La mer, dans un simple clapotis continu de vagues, dans son simple mouvement perpétuel qui ici avait le même son, les même embruns que là-bas. Là-bas, le pays de quand j'étais petite, le pays où tout pour moi avait la douceur d'un gros nuage de coton. On prend un virage et voilà.

Ce n'est pas la vue le sens le plus fort, ce n'est pas lui qui nous ramène vers ces pays que nous avons quittés. Ce sont bien l'ouïe et l'odorat, ô combien magiques, ô combien précieux.

A Kep l'eau approche sans doute les 27 ou 28 °C , on dit qu'elle est presque trop chaude, on le dit mais au fond on ne le pense pas. Elle est simplement parfaite et nous y resterions des heures si nous n'y prenions pas garde.
A Kep on ne sait plus trop où l'on est, ville qui ne vit que pour les crabes , que l'on déguste accompagnés de poivre de Kmapot - Kampot autre paradis de douceurs cambodgiennes- s'en mettant plein les doigts, la bouche, les papilles et le ventre. Et ce dernier est heureux.

Avant Kep, j'avais oublié...