vendredi 17 juin 2016

les mots des autres




Relire un auteur qu'on aime beaucoup, au hasard des pages internet et tomber sur ce passage, qui ne dit rien de plus que le vrai.
Les mots des autres pour panser des blessures, au fond c'est ce qui réchauffe, même sous 40 degrés, même lorsqu'on a  oublié le froid. Les mots des autres quand les miens ne viennent pas. Reste à savoir où les crier.





Brunella – Tu as mal au ventre, Gaby ?
Gaby – Je n’ai pas mal au ventre, pourquoi tu dis que j’ai mal au ventre ? Pourquoi tu crois toujours que j’ai mal au ventre ?

Brunella – Parce que tu as souvent mal au ventre.

Gaby – Je n’ai jamais mal au ventre.

Brunella – Tu as mal au ventre, parce que tu ranges des phrases à l’intérieur de toi, plutôt que déranger les autres avec.



Fabrice Melquiot M'man

dimanche 5 juin 2016

à partir de cette photo

Je respire , c'est le premier mot qui lui vient. ce n'est pas vraiment un mot d'ailleurs, c'est une sensation mise en paroles. Le bonheur a peu à peu pris la place sur la photo et on oublie les traces de luttes qui persistent sur le sable. Des générations ont essayé avant nous, et bien d'autres s'y mettront après, prétendre en attendant de ressentir. Des corps se pressent en arrière plan. Les rires sont discrets, les regards un peu fuyant, nous tentons de laisser derrière nous nos meilleurs profils. Ton coeur en contrepoids du mien a une chaleur différente et même maintenant en regardant simplement le cliché  je crois que je le sens encore. Mon sang le sait, mon ventre s'en souvient. Ma viande, disais-tu  La femme au premier rang a arrêter de regarder l'objectif depuis longtemps. La dignité se cache dans ce genre de détails.
Les autres ont voulu écrire un mot sur le sable et il n'a pas été difficile à choisir. LIBERTÉ, écrit en gros. Des millénaires s'écouleront sans doute sur cette plage alternant les protagonistes et le texte écrit à même le sol. L'enjeu en sera toujours le même. Manger une dernière fois la lueur du soleil avec nos yeux, nos mains, nos ventres, s'en nourrir comme de pain. Attendre le dernier clic et puis se séparer, moi, les autres, la fille qui respire mieux maintenant et la femme du premier rang, et toi et ton coeur battant dans la pénombre qui arrive et peu à peu se répand, sur nous et sur le monde.