mardi 22 août 2017

Petite nostalgie khmère


Celle de la pluie sur les tuk tuk et des "tuktuk lady!" hélés aux coins des rues, de la saveur du jus de coco frais dans la chaleur écrasante, de la beauté d'Angkor  au soleil couchant et de toutes ces paroles poèmes , chants à propos Angkor qui n'ont pas encore été dits, écrits, entendus mais que les pierres contiennent.

Nostalgie des repas pris à la va-vite en face de l'IFC et des sourires des étudiants au retour de la classe, de l'unique fraîcheur du jardin, des flots tranquilles du Tonlé Sap.
Souvenirs émus et forts des rives de Kampot, du poivre croustillant sur le crabe de Kep, de la quiétude particulière de Kampot encore en cette soirée d'orage, fin de mousson et début de festival littéraire.

Rires aux détours des chemins, ciels immenses depuis un building, silhouettes croisées dans les escaliers, dans un bar, mains qui se sont tendues, refermées, puis éloignées, regards qui ne s’oublieront  pas.

Je croyais en te quittant, Phnom Penh, que ta nostalgie serait plus diffuse mais plus présente. Il m'aura fallu un an pour te regretter vraiment, un an pour refaire du Cambodge une destination des possibles, une des destinations du manque.

Avec le temps dit-on, les mauvais souvenirs s'effacent et seuls les plus jolis restent. Je trouve que c'est très bien.

crédits : @Lolliparkart, via Nowhere studio, Phnom Penh



jeudi 20 juillet 2017

20/07/2017 17h

Marseille, juillet, il pleut
Et j'ai le coeur encore
Entre deux eaux.
Bal et balades de Méditerranée à Atlantique
Langues liées l'une à l'autre qui se délient
Mythes grecs en bataille contre prairies indiennes.
Il y a ce que je suis dans ce que je dis, dans les sons et les lettres,  les apostrophes et les circonflexions.
Il est dit  qui je suis dans le vent soufflant du sud et dans les embruns qu'avec lui il ramène.
A force d'être celle qui reste, je questionne les racines. Observation de près des pousses possibles, incarnations fragiles de ce qui était là. Le haut vs le bas.

Il pleut en juillet, moment parfait pour phrases et cheveux courts.



samedi 8 juillet 2017

Le compte

La route est toujours longue, et le chemin toujours sinueux, pourtant un peu moins sombre et moins aride, je crois.
Dans mes rêves la nuit il y a encore des batailles et des coups portés au cœur, 4 ans c'est à la fois si long et si peu, dans 20 ans sans doutes ce sera encore trop neuf.
Sur ces pages du lieuou je commence à collectionner les 8 juillets et en fait cela me rassure, me donne une trace tangible d'un état, sinon d'une assurance que moi à ce moment-là je suis bel et bien là, que moi ce jour là c'est à toi que je pense. Il me reste cette peur idiote qu'avec le temps va tout s'en aille, de même pour ton souvenir . Aussi je m'efforce studieusement à écrire là comme un rituel tous les ans, en espérant que les mots jouent leur rôle, que les lettres tracent pour moi le chemin qui reste à suivre.
Après le 8 juillet il a fallu se dire et maintenant quoi, et chaque année de nouveau se remettre sur les rails, nouveau souffle à reprendre, nouvelle croix sur le calendrier.


Quoi qu'il en soit, je n'oublie rien.


vendredi 23 juin 2017

l'état des corps


Dure observation des corps, embrassades et frictions, caresses vs coups. A quel moment le peau contre peau devient-il de trop?
De quelle dose de proximité minimale avons-nous besoin pour vivre? tenir? durer?

La canicule c'est le meilleur moment sans doute pour mener cette observation-là. Corps tendus, corps montrés, corps mous sous le soleil brûlant, corps qui se pressent un peu moins vite et s'exposent plus facilement.

Passage en revue du corps- de ce qui le traverse.
Voix - voix qui l'habite, qui l'abîme peut-être. Voix bloquée et corps de même, nerfs à vifs et en colère, tête qui brûle, pique, tire.
Coeur qui bat et pupilles qui scintillent , coeur qui ralentit, ventre qui ne sait plus.
Paupières humides souvent, inondées parfois.
Bouche qui se meut, qui parle, chante, rit , bouche qui se ferme dans des espaces qu'on ne lui accorde pas, que le cerveau ne lui laisse pas prendre.
Souffle à l'intérieur qui rappelle si l'on va bien ou mal.
Interrogations jusqu'au bout des orteils.
Doigts: 10
Oreilles : 2
Cheveux blancs: -1. Faux messager de chute.
Utérus : on ne sait pas, il faut attendre les résultats.
Jambes : tiennent le coup malgré les étages et la chaleur.

Bilan : bien vivante.




dimanche 14 mai 2017

Summer is coming


Laisse
là les traces d'autres que ma route a croisés ;
et l'empreinte tout au fond
des larmes-lames.
Devant
il y a le jaune et le bleu des vagues.
Devant il y a -
tout ce dont nous avons besoin.





vendredi 5 mai 2017

Je suis l'âme errante.

 Mexique, 1

Entre toi et moi tout commence.
Traverser l'Atlantique pour que reviennent des images de partout. J'ai passé le pont en fermant les yeux sans vouloir connaître à l'avance les chemins de l'autre côté. Quelqu'un m'y tendra-t-il la main ?

On part à l'aventure parce que cela sonne bien. On a dans la tête quelques images, des peintures de Frida Kahlo, des photos de guerilleros dont on ne connait que le nom, une ou deux idées de rituels maya. Pas plus.
On part le cœur et le ventre plein d'envies et de mystères, la faim au centre, l'espoir dans la poitrine. On sait que de l'autre côté il y aura bien plus, on sait qu'on ne sait pas on en tremble et c'est bien.

Il y a au hasard des rues toujours un petit coin de joie, marchandes de fleurs à foison, jus de fruits frais multicolores, soleil allongé sur les façades jaunes bleues rouges.
Il y a de la musique, beaucoup, pas toujours bonne mais convaincante.
Il y a des chiens. Tout le temps.Gros, moyens, minuscules. El pais de los perros. Les chats se cachent, s'inquiètent, se concertent certainement dans les cours à nos yeux invisibles des maisons.
Il y a des airs de Cambodge, d'Italie, d'Espagne et d'autres pays inconnus.

Les rêves sont faits , sans doutes, de beaucoup de devenir et de beaucoup de ce que l'on aura à mettre de côté. Traverser l'Atlantique, prendre des bus et des taxis, parcourir des routes dont on n'a aucune idée d'où elles mènent et c'est très bien comme ça. La certitude au fond que ce que l'on cherche, ce que l'on attend au bout du chemin c'est simplement ce qui s'y trouvera.

Ne pas compter les regrets du Mexique. Ne pas compter les revers ou les échecs, attentes déçues et idoles déchues. Le voyage est ce qu'on en fait, ce qu'on en retient, mais aussi, surtout, ce qu'on en rêve. Je t'ai beaucoup rêvé Mexico. Je te raconte maintenant et les choses n'ont pas tout à fait la même saveur.

Un récit de voyage c'est la difficulté de trouver la ligne fine entre ce que l'on a vécu et ce que l'on a rêvé. Funambulisme délicat. Un voyage c'est autant le moment présent que l'avant. Et si l'on veut le dire aux autres, il faut par honnêteté aussi leur raconter tout ce que l'on en a souhaité.

Où cela a-t-il commencé ? Je croyais que c'était un jour d'hiver berlinois, au Martin Gropius Bau , découvrant les œuvres de Frida et laissant petit à petit la lumière et les couleurs de Mexico s'immiscer à travers le grau de Berlin, s'immiscer à travers ma peau et panser le froid.
Cela a ensuite certainement continué par des paroles dans les bouches des autres, récits de vie de ce côté de l'Atlantique, noms inconnus sur les offres d'emplois mal payées mais si attirantes. Dernièrement aenfin il y avait eu cette sorte de confirmation, un concert ,la Tigrada, découvrir que des Mexicains se déguisent en tigres pour défiler une fois par an. Concert pour recoller un peu les morceaux de mon cœur, toujours celui là, qui se brisait doucement devant les farces du destin.

Je cherche où commence le fil, toujours. Quels mots m'ont menée jusqu'ici? A la bibliothèque de Mexico, comme dans les musées de Kyoto, c'est Ersnt qui surgit. J'ai les pupilles en grand format. En réalité cela a certainement commencé sur les bancs du lycée, le nez plongé dans Breton « Je suis l'âme errante ». Et de ses errances à lui, à elle, Nadja, lancée dans mes errances à moi.
D'un aller depuis Marseille à un retour qui n'est pas celui-là. En France, je suis encore en chemin pour ce que je ne sais pas. Départ-Retour-Envol-Saut.
En rentrant j'ai sauté à pieds joints dans le nuage dit « réalité » espérant qu'il soit parsemé de petits bouts de rêves.

Il ne s'agit plus à présent que de les collecter.






jeudi 30 mars 2017

Partir- Avant





Tengo, siempre tengo
Tu nombre sobre mis labios
Tu cara en la pupilas.
Me voy, a encontrar el país de los sueños
Con gran felicidad en corazón.
En esto lado del mundo
Estas tu.
Y si no puedo cruzar las fronteras,
La noche y el cielo
Con tus ojos, los verè.

Apprivoiser comme on peut une langue nouvelle...





mercredi 15 mars 2017

vendredi 17 février 2017

Juste la mer à boire

Eau salée entre deux -M-, Mexico qui m'appelle et Marseille qui me retient, le vent chaud de l'une contre les amarres de l'autre.
Eau salée  qui revient parfois le long de mes joues, on ne les embrassera plus et cette idée est si saugrenue,  je n'y crois pas.
Déjà il faut apprendre à oublier des terres reconnues de personne. L'oubli avant le regret. Une sage posture, dit-on.

Ce n'est que la mer à boire. Si nous la buvions à deux, peut-être se viderait-elle plus vite?
Mais la mer comme les larmes est salée, comme elles elle n'étanche pas la soif et ne te laissera que plus sec et  saoul si par hasard tu te risquais à l'avaler. La mer comme les larmes est infinie et de fond nous n'apercevrons point. Moi je n'ai jamais touché le bout du bout des fonds marins.

A l'intérieur de nous aussi il y a la mer et son petit -m- se promène dans mes veines avec les autres plus grands, les -M- majuscules; je sens leur farandole sous ma peau. Je sens que la danse a commencé, elle suit celle de mon squelette -là-bas on s'y connaît bien, là-bas nous saurons déjà les pas, tu verras.
Viens, approche, ne t'effraie pas, ce n'est que de l'eau, de l'eau et du sel, de l'eau et du sang , ce n'est que l'océan entre nos continents d'os, l'océan et la mer, à boire ou à naviguer, ce n'est rien. Rien, tant que tranquilles nous dormirons. Les routes des rêves, tu sais, connaissent les raccourcis des possibles.



Pablo Neruda, Libro de las preguntas



lundi 16 janvier 2017

Aller - Retour

Au bal

Bris de glace contre mon cœur
A la veillée des vieux amants
Je ne suis pas la plus assurée.
Il y a du lourd accroché aux murs
Et des bouquets pâles dans les vases
La galerie des portraits fait son travail de mémoire
Les passants n'ont plus qu'à choisir lequel.
Dans mon dos en vague sentiment de rancœur
Il y a le tien
Mais ton visage n'est pas net et je ne sais plus quel nom te donner.

Au coin du feu

Joue contre joue
Nous avons échangé des rêves sur les plis de nos oreillers respectifs.
Il n'y a pas assez de minutes pour écouler les paroles qui encombrent nos cœurs
Il n'y a que les flocons fondus sur le sombre de nos manteaux,
La tiédeur des cafés en enfilade des rues parisiennes.

Par la vitre du train point le soleil de janvier
Ne m'écoute pas si je te dis que je le déteste
Janvier n'est que mensonges.
Janvier n'est que promesses que personne ne tiendra, et simulacre de farandoles. Il a les couleurs des manteaux sur les trottoirs.

Nous reprendrons la route lorsque janvier sera passé. Il sera bien plus facile d'en entrevoir la lumière.